PARIS (AFP) -
04/10/2004 20h01 -
Le médecin et biologiste Jacques Benveniste, dont le nom est resté associé à une intense controverse née de sa théorie de la "mémoire de l'eau" en 1988, est décédé dimanche à Paris à l'âge de 69 ans, a annoncé sa famille lundi. Après avoir été chef de clinique à la Faculté de médecine de Paris, Jacques Benveniste se consacre très vite à la recherche en France et aux Etats Unis. Il rejoint en 1973 l'Inserm où il dirigera plusieurs unités. Il avait atteint une notoriété mondiale en 1970 avec sa découverte du PAF-Acether (Platelet Activation Factor), un mécanisme intéressant les allergies, et découvert une molécule majeure impliquée dans l'asthme. Il a été proche conseiller de Jean-Pierre Chevènement, lorsque ce dernier était aux commandes du ministère de la Recherche, de 1981 à 1983. Le Dr Benveniste fait parler de lui le 30 juin 1988, lorsque le Monde, se fondant sur un article à paraître dans la prestigieuse revue britannique Nature et consacré à ses travaux, titre en Une: "Une découverte française pourrait bouleverser les fondements de la physique: la mémoire de l'eau". Treize des confrères biologistes de Benveniste, français et étrangers, qui ont participé aux travaux, confirment et cosignent l'incroyable expérience publiée sous le titre: "La dégranulation des basophiles humains induite par de très hautes dilutions d'un anti-sérum-anti-IgE" (anti-immunoglobuline de type E, responsable de l'allergie NDLR). En clair, le chercheur est parvenu à activer une cellule sanguine avec une solution d'eau contenant un anticorps totalement dilué. L'information biologique a donc été transmise en l'absence de molécule: "L'eau peut se souvenir", selon l'interprétation de Jacques Benveniste. Cette découverte devait susciter une controverse scientifique d'une grande ampleur et pour finir, la revue Nature avait publié un rectificatif concluant que "l'hypothèse selon laquelle l'eau garderait la mémoire d'une substance qu'on y a diluée est aussi inutile que fantaisiste". Le Dr Jacques Benveniste s'est pour sa part obstiné, et ses partenaires se sont mobilisés dans une société, la SA DiGiBio constituée en 1997, lui permettant de financer ses recherches. |